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Photo du rédacteurLaurent Puech

50 % de "féminicides" en moins depuis le 1er janvier 2020...

Chut... Silence... ne pas le dire trop fort. Ne pas le dire surtout. L'an dernier, en vous levant le 23 février 2019, vous pouviez constater sur la page Facebook Féminicides par compagnons ou ex que 27 femmes (- 27 -) avaient été tuées depuis le 1er janvier 2019 :


Toute une série de collectifs se mobilisaient en annonçant que nous étions passés de 1 femme tous les 3 jours à 1 femme tous les 2 jours, qu'il s'agissait d'une explosion. De nombreux médias enchaînaient en reprenant ces annonces et les autorités se retrouvaient sommées d'agir, de faire quelque chose. Car bien entendu personne ne faisait rien, l'indifférence régnait autour de ces affaires étaient, sauf de la part des gentils collectifs bien entendu qui elles et eux se battaient contre le silence valant complicité.


Un simple examen des chiffres sur une période significative (plusieurs années) montrait non seulement que depuis des années, du travail était fait et que l'indifférence supposée était une vision tronquée de la réalité, mais aussi que des pics et des creux statistiques se produisaient et que ce n'est pas à partir de quelques mois que l'on peut tirer des conclusions sur une évolution quelle qu'elle soit. En clair, l'explosion des féminicides annoncée était loin d'être démontrée. Mais peu importe, un mouvement de fond montait, construit sur une énumération des femmes mortes tuées par un homme. Car les femmes tuées par des femmes (3 en 2018 par exemple, 1 début janvier 2020) n'intéressent pas même celles se prétendant #noustoutes (#nouspastoutes serait un nom plus exact).

De fait, fin 2019, la comptabilité militante aboutissait à un total de 149 féminicides sur l'année.



Un chiffre contestable puisque l'Agence France Presse, qui a fait un travail de recensement mais en intégrant une vérification de ce que donne l'enquête, aboutit à l'heure où j'écris cet article à un total de 126 cas confirmés de féminicides avec 10 autres cas en attente d'éléments pour déterminer s'ils relèvent de cette catégorie ou pas.



En clair, là où le décompte militant annonce 149 victimes, le décompte produit par l'investigation des journalistes de l'AFP arrivera au maximum à 136. Et possiblement moins. Une différence d'au moins 13 femmes, présentées comme victimes du patriarcat-machisme et qui ne semblent donc pas l'avoir été. L'explosion n'en était pas une. L'augmentation sur une année est réelle. Mais elle s'inscrit dans des variations que nous avons déjà connu par le passé. Et, surtout, elle ne suffit pas à remettre en cause le constat d'une tendance à la baisse du nombre des homicides conjugaux, dont ceux concernant les femmes tuées par un homme, qui est pourtant mesuré depuis 2006. Une évolution que de trop rares militantes féministes mentionnent.


En me levant ce 23 février 2020, je vais donc voir la page Féminicides par compagnons ou ex. Et je constate que nous sommes, selon leur décompte dont j'ai dit plus haut qu'il fallait le prendre avec précaution, - 13 - femmes sont mortes tuées par leur compagnon ou ex depuis le 1er janvier 2020 :


13... contre 27 l'an dernier. 1 tous les 4 jours. Mais cela, qui le reprend et qui le dit ? Quels médias titreront sur la "chute" des féminicides comme ils l'ont fait sur l'explosion supposée, à partir de données aussi insignifiantes en 2019 que celles de 2020 ?


Une hypothèse rassurante pour expliquer ce silence serait : ils ont appris que l'on ne peut réagir à partir d'une série de données non-significatives, il faut ne pas se laisser emporter par l'émotion sur des sujets où elle est forcément fortement présente...


Une hypothèse alternative plus probable est hélas d'une autre nature : dire qu'une situation s'améliore ne confirme pas notre façon de voir le monde, notre combat, ce que pense notre lectorat, nos ventes...


Sur ce thème, une bonne part du journalisme est du militantisme. Et les réseaux militants ne donnent pas à voir le réel, mais ce qui confirme l'importance de leurs combats. Les deux peuvent coïncider parfois. Pas toujours.


Mais cette "chute" ponctuelle n'annonce rien de l'année qui vient. Elle pourrait être marquée par une augmentation comme une reprise de la baisse du nombre de victimes de mort violente au sein des couples. De toujours trop nombreuses vies de femmes, d'hommes, d'enfants, quel que soit la "quantité" affichée ou pas.



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