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Photo du rédacteurLaurent Puech

2020 : le nombre de "féminicides" à un plus bas historique

Dernière mise à jour : 5 janv. 2021


Le décompte par le collectif Féminicides par conjoint ou ex via les médias des homicides de femmes par leurs conjoints ou ex-conjoints donne un résultat de 97 victimes en 2020 (contre 146 en 2019).


97 victimes de trop, auxquelles il faut encore ajouter les décès qui n'apparaissent pas dans ce chiffre : les conjoints ou ex-conjoints tués par une femme, les conjointes ou ex-conjointes tuées par une femme, les enfants tués à cette occasion, et des tiers aussi (comme ces trois gendarmes dans le Puy de Dôme en décembre où des membres de la famille de la victime). La violence létale dans le cadre de relations intimes ou qui le furent fait de nombreux dégâts humains chaque année.


Sans attendre l'enquête annuelle nationale sur les morts violentes au sein des couples, qui paraît plus tard dans l'année, prenons ce chiffre comme base de réflexion sous réserve de sa confirmation dans les données officielles (1). Il montre un élément majeur, et même historique.


Depuis qu'existe un recensement des morts violentes au sein des couples, en 2006, c'est le chiffre le plus bas constaté de femmes victimes de leur conjoint ou ex ! Jusqu'alors, le chiffre le plus bas était de 118 victimes en 2018.


Comment expliquer cette baisse significative ? Deux pistes au moins peuvent être proposées.


Un effet du confinement ?

L'année 2020 a été marquée par une période de 55 jours de confinement très strict (17 mars - 11 mai) durant laquelle le nombre de "féminicides" a été divisé par deux (cf. Violence conjugale durant le confinement : l'augmentation introuvable... même par la MIPROF) par a rapport à la moyenne. Ce confinement a aussi été marqué par une mobilisation générale se traduisant par une plus grande vigilance des personnes et institutions face aux manifestations de violences apparaissant dans les couples. Le message diffusé à cette occasion ainsi que cette mobilisation ont probablement joués sur ces situations et sur leurs évolutions possiblement dramatiques. Il est d'ailleurs notable qu'en Espagne aussi (qui peut produire des données officielles dès le 1er janvier de l'année suivante), cette même année 2020 marque un plus bas historique du nombre de femmes tuées par conjoint ou ex depuis 2003, année de début de leur recensement. Les périodes de confinement ont aussi été très importante dans ce pays où l'engagement des autorités publiques contre les violences de genre est aussi important.


Une régression vers la moyenne ?

L'année 2019 avait montré un nombre de "féminicides" nettement à la hausse après une tendance longue à la baisse ou stagnation du nombre de victimes (2). Elle constituait une exception puisqu'elle nous ramenait à un niveau que nous n'avions plus connu (et de loin) depuis 2012. Cette exception est donc bien... une exception. Et nous pouvions nous attendre, pour une année où le covid-confinement ne trouble pas le futur en permanence, à une année se rapprochant de la moyenne (c'est à dire un nombre probable oscillant dans une fourchette entre 110 et 120 cas). C'est un phénomène connu en statistique sous le nom de régression vers la moyenne : "si une variable est extrême à sa première mesure, elle va généralement se rapprocher de la moyenne à sa seconde mesure. Si elle est extrême à sa seconde mesure elle va tendre à être proche de la moyenne à sa première mesure".

2021 pourrait donc voir une augmentation sans que ce soit pour autant indicatif d'une tendance lourde... Il conviendra de rester prudent avec les données chiffrées.


Un chiffre de morts violentes en baisse, même nettement, contient pour une part une mauvaise nouvelle : celle de toutes ces femmes tuées. Il ne dévalorise aucun des drames de 2020. Il parle de chacune des victimes, puisque ce chiffre les représente aussi. Il dit en plus une réalité absente du suivi des seuls homicides-féminicides : celles des vivantes dont il rappelle que, en 2020, la part a progressé. Et ça, c'est la bonne nouvelle dans la mauvaise.




(1) Il peut exister un écart de quelques cas entre les résultats de ce collectif et les données officielles qui recensent par exemple aussi les femmes tuées par leur compagne, ou encore parce que les résultats de l'enquête peuvent montrer une autre explication que celle fournit dans un temps court par les médias.




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