[Cet article est inspiré d'un article publié en septembre 2016 sur mon blog du site Secretpro.fr.]
Qu'est devenue l'idée de l'"information préoccupante" ?
Considérée en 2007 comme un des éléments centraux de la loi réformant la protection de l'enfance, l'information préoccupante, réduite à "IP" dans le langage quotidien, pose aussi problème. Cette nouveauté, en élargissant la possibilité de recueillir et centraliser des signaux faibles ou forts venant de différents acteurs parfois non-inter-reliés a bien entendu permis de mettre à jour plus rapidement qu'avant des situations dans lesquelles des enfants étaient en danger. Elle a facilité le soutien à des familles qui ont pu y trouver un intérêt. Cependant, s'arrêter à cette dimension positive serait se voiler la face sur d'autres aspects que ce dispositif génère. Si l'on trouve de nombreuses présentations valorisantes de l'IP, notamment dans les discours institutionnels, les analyses des limites sont (beaucoup) moins présentes dans les échanges et débats. Et pourtant...
Dans les formations, les groupes d'analyses de la pratique ou sur leurs lieux d'exercice, je rencontre fréquemment des professionnels qui sont "victimes des IP". De fait, l'information préoccupante est essentiellement un acte... administratif. C'est la transmission d'une information d'un Acteur A vers un Acteur B. Hélas, vu la nature de l'information que recèle cet acte administratif, son impact potentiel et le lien avec une mission "protection de l'enfance" aujourd'hui sacralisée jusqu'à l'absurde parfois, l'IP est souvent un acte-confus. C'est en effet le lieu où plusieurs dimensions s'entrechoquent. A partir d'exemples nombreux entendus et/ou constatés, je débute ici l'interrogation amusée et sérieuse de ce qu'IP veut dire. Je pense que, parfois, l'IP se retourne contre son objectif, la protection de l'enfance, et contre les professionnels eux-mêmes.
L'information préoccupante devient "IP"... Mais que veut dire "IP" ?
Au départ, l'information préoccupante est bel et bien pensée comme un des moyens de la protection de l'enfance. Prévue par l'article L226-2-1 du code de l'action sociale et des familles, elle concerne tant les situations de danger au sens du 375 du code civil, que celles avec des risques de danger. La notion de risque, cette anticipation d'un dommage possible, ouvre donc largement les vannes à la production d'IP à la moindre préoccupation de son auteur. Elle est ensuite adressée à la cellule de recueil des informations préoccupantes (CRIP) du conseil départemental. Cette instance peut alors déclencher une "évaluation" dans la famille afin de savoir si un enfant est en danger ou pas.
Comme tout moyen, elle atteint sa limite si les effets bénéfiques qu'elle provoque sont inexistants ou moins importants que le(s) préjudice(s) qui découle(nt) de ce qu'elle déclenche. Et des dommages, il peut en exister de plusieurs formes.
Je pense que nous pouvons trouver de nombreuses définitions de ce qu'IP veut aussi dire. Je publierai petit à petit des définitions alternatives. Avec 18 déjà prêtes, ce petit feuilleton devrait durer un moment...
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